Mercredi 9 juillet
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Depuis toujours, les objets en forme de phallus ont existé et été utilisés comme substituts des sexes mâles, absents ou
défaillants. Ils ont aussi dû être utilisés comme symboles de fécondité par les prêtresses des cultes les plus anciens. Moïse, qui veut instaurer un dieu unique, rejette ces pratiques, mais, à
l'imitation de tous les peuples qui les entourent, les premiers Hébreux y reviennent très facilement : les prophètes leur reprochent de fondre des bijoux d'or et d'argent pour se forger des
phallus destinés à leurs débauches (Ezéchiel).
Objets plaisir
Les Grecques connaissent les olisbos (objets en forme de phallus), simples ou doubles, de tailles très variées, qu'elles
utilisent pour le culte ou pour leur plaisir privé. Dans un récit du IIIe siècle av. J-C, deux amies se vantent les qualités de tels objets fabriqués en cuir par un cordonnier traité de
bienfaiteur : "les hommes n'atteignent pas cette rigidité [...] Et la douceur ! Un rêve ! ... D'envie, à les voir, les yeux me sortaient de la tête !"
Au Moyen-Age, un théologien écrit que les filles, vers quatorze ans, "si elles ne sont pas pourvues d'un homme,
imaginent l'acte sexuel et le pénis viril, et en arrivent à se frotter avec les doigts ou avec d'autres instruments, jusqu'à [l'orgasme]... : de cette façon, elles tempèrent leurs parties
génitales et deviennent plus chastes". Mais il y a déjà des esprits chagrins qui commencent à fulminer contre celles qui utilisent des "engins pour femmes".
Le godemiché traverse les siècles
A la Renaissance, la mode de ces objets n'est pas passée : on les baptise "gaude mihi" (réjouis-moi), qui donnera
"godemichés". On en trouve partout, jusque dans les coffres des dames de la cour, si bien que Ronsard reprochera à Hélène, qu'il courtise en vain, de le repousser parce qu'elle préfère "sa main
et son godemiché".
A côté des modèles simples, à bouger à la main, existent des modèles à lacets que l'on s'attache au bas-ventre, et que
l'on trouve dessinés sur les poteries grecques comme sur les estampes japonaises, utilisés par les Africaines comme par les Européennes. On raconte qu'un grand prince surprit deux dames de la
Cour : "l'une en avait un gros entre les jambes, gentiment attaché avec de petites bandelettes à l'entour du corps : il semblait un membre naturel", et que ce prince les obligea à lui montrer
comment elles s'y prenaient.
En Italie, on trouve déjà des modèles en verre que l'on peut remplir d'eau chaude. Ils seront perfectionnés aux XVIIIe
et XIXe siècles par l'adjonction de poires en caoutchouc (en forme de testicules) que l'on remplit de lait et que l'on presse au bon moment pour faire jaillir le liquide et compléter
l'illusion.
En Afrique, il existe aussi des modèles en bois, percés pour pouvoir les remplir d'un liquide imitant le sperme. Pour
mieux copier la souplesse de l'original humain, les Chinois utilisaient des mélanges de gomme et de résine. Les Japonais proposent une variante d'usage, avec le godemiché qui se fixe au talon :
la femme peut alors se pénétrer tout en gardant les deux mains libres pour d'autres occupations. Le XXe siècle voit l'apparition de modèles à piles, et la fée électricité permet d'avoir des
vibromasseurs qui chauffent, vibrent et massent, avec ou sans possibilité d'injection, agrémentés ou non de variateurs de vitesse et de têtes différentes interchangeables, pour provoquer des
sensations variées ou faciliter la pénétration anale. Dans le même esprit créatif, des objets sont détournés de leur usage par addition d'un gode : soulier, vélo, cheval à bascule..
Et les hommes ?
Bien sûr, les vibrations de ces appareils, ou les pénétrations anales qu'ils permettent, intéressent aussi les hommes.
Pour eux, comme substituts de la pénétration, on a inventé des "vagins artificiels", appareils en caoutchouc gonflables, reproduisant scrupuleusement le ventre et le haut des cuisses d'une femme
dans le moindre détail, que la publicité vante sous le nom de "dame de voyage" pour les marins et tous les solitaires. La "femme du capitaine" est une poupée gonflable au corps complet, que l'on
trouve dès le XIXe siècle.